« Roller-coaster feeling, from the floor » s’époumonait Rory Gallagher avant d’aller rejoindre l’armée des comètes rock quelque part dans un sillon vinyle, ruiné par ses 200 concerts annuels des suites d’une greffe de foie pourtant réussie.
Rester sous la lumière cinglante des rues de Marseille après 24 ans de carrière, y traverser des creux de vague après des albums insensés et encensés, lancer des EP comme des flèches aveugles vers un ciel impavide, revenir au-devant de la scène grâce aux Stranglers, rebondir avec un nouveau line-up : monter, descendre, remonter, redescendre, serrer les dents en gardant sa sincérité intacte, est-ce ça tracer sa voie dans le rock indé, coûte que coûte, au bord des côtes aveuglantes de la méditerranée ?
Loser un jour, héros le lendemain dans un enchaînement idiot d’obscurités et de lumières, provisoirement reclus dans une ville fantôme puis sans véritable transition, éclaboussé à nouveau de flashes chaque soir, scène après scène, jusqu’à l’Olympia ?
Rater, réussir, vivre ou mourir, aimer et bâtir, continuer de croire à des successions d’accords, voilà le tribut à payer à la musique rock, cette amante religieuse capable de décapiter aussi vite qu’elle séduit en laissant pareillement sur le carreau ou sous les ovations, sur un simple coup du sort.
Avec « Loser/Not Loser », Brother Junior signe un premier album dans lequel se condensent sous un nouvel angle la verve, la puissance et la fougue avec lesquelles il nous avait bluffés sur ses deux EP précédents : on y tombe sur un Jullien Arniaud au summum de sa forme, de sa créativité et de son écriture, propulsé par une section rythmique à tomber.
Pour le loser, cette fois, il faudra repasser.